Marie-Noëlle Ginard et Robert López Hinton au Cameroun
En 2012, nous nous sommes rendus au Cameroun pour collaborer sur un projet de construction durable de deux maisons avec des matériaux tels que le BTC ou le pisé, des finitions en terre et une décoration inspirée de l'artisanat camerounais. Pendant quelques mois, nous avons vécu dans la partie occidentale du Cameroun où vivent majoritairement les Bamiléké. Un peu fatigués de Majorque et des moments difficiles que traversait - et est toujours - l'Espagne, il ne nous a pas fallu longtemps pour prendre la décision de partir.
En voyageant quotidiennement entre Bafoussam et Bangangté, une zone agricole du pays, loin des grandes villes, entourée d'une nature exubérante, de maisons en pisé, de rues en terre battue, de marchés, de motos ou de taxis, le plus choquant était de voir à toute heure du jour le jour et même la nuit, des femmes, des enfants et des hommes marchaient sur les bas-côtés des routes, transportant toutes sortes de choses. Il n'a pas fallu longtemps pour constater que les conditions de vie et de travail des Africains étaient vraiment difficiles. Le Cameroun est un pays doté d’innombrables ressources naturelles (pétrole, diamants, bois et minéraux) mais dont la richesse ne profite pas du tout à ses habitants.
À l'heure actuelle, le projet est arrêté pour diverses raisons, mais, d'une certaine manière, il a marqué un avant et un après dans notre trajectoire et celle de Can Monroig. Dans les semaines à venir, nous lancerons un nouveau projet de restauration durable pour une maison à Majorque ; Nous souhaitons vraiment reprendre notre gamme de « meubles thug », intégrer à notre offre des matériaux écologiques pour la bioconstruction, et continuer à nourrir notre "souterrain" avec des concerts, du théâtre, de la danse et des rencontres avec l'art et la culture.
Entre-temps, Cameroun -petite Afrique- nous a laissé bon nombre de des photographies, nous a inspiré quelques mots et même une exposition.
/Les gens vivant au bord de la route... toujours et à toute heure.
/Couleur-bruit-boue-odeurs.
/Paradis nature-sauvage débordant.
/Maisons biologiques, terres, tradition en voie de destruction.
/La pauvreté avec un téléphone portable n'est pas tant la pauvreté… ou peut-être que c'est le cas.
/Vouloir imiter l'Europe et toutes nos erreurs.
/Richesse potentielle-pauvreté réelle.
/Europa boit d'une main et se couvre les yeux de l'autre.
/Des artisans qui sont artistes sans en avoir conscience.
/Regards doux et tristes, parfois très durs.
/Fureur des villes assaillies par la faim.
/L'argent c'est quoi!!!
/L'inconnu nous terrifie, il nous déséquilibre, la vie des autres n'est pas la nôtre.
Et sur le chemin du retour, Je vois un petit cercueil au sommet d'un arbre.
Je ne sais pas si ce sera le cas, si c'est le cas, si c'est le cas.
"Laissez-moi ici, c'est ma terre."
Peut-être que c'était le cas et je ne m'en souviens pas.
"Laissez-moi ici, enterrez-moi ici."
Au sommet d'un arbre il y a un petit cercueil,
C'est du moins ce qu'il semble.
Je n'y ai vu personne, il n'y a qu'un seul espace vide.
Ils leur ont demandé d'attendre et ils ont attendu.
Fasciné par la lumière.
Regard vers le ciel.
Lumière doucejourautomne.
novembre 2012
Texte : Marie-Noëlle Ginard Féron
Photo : Robert López Hinton
NoëlleyRobert sur tumblr
Can Monroig sur le blog Marie Claire Maison
Manuel et jouisi, avec votre autorisation je copie les commentaires que vous avez fait dans Facebook parce qu'ils résument très bien toute cette histoire….
-Manuel : « Bel album inspirant…maintenant je vous comprends et j'en veux un peu plus, Noëlle et Robert. »
-Noëlle : « Il nous a fallu un an pour nous sentir assez forts pour en parler Cameroun…»
-Jouisi : « Comment je te comprends »
Marie-Noëlle Ginard Féron
Can Monroig, Inca, 22 novembre 2013.