« Après avoir démonté* son exposition au Palau Solleric de Palma en 2010**, Gabriel s'est brièvement demandé, je crois me souvenir, s'il pouvait continuer à travailler comme portraitiste sans se parodier. C'était une question rhétorique : l'envie était toujours intacte, et les défis ne diminuaient pas (donner du sens à un portrait en est un).
Mais en marge, il commence à laisser des traces de plus en plus lisibles de son imaginaire dans ses photographies. La technique du collodion humide en a peut-être été l'impulsion. Un format narratif qui impose ses règles, mais offre aussi une liberté à la limite du manque de contrôle.
Pour ceux qui veulent voir les choses ainsi, les photographies de cette exposition Le Sexe de l’Ange pourraient être des autoportraits. "Un éloge de l'imperfection."
Michèle Froye
*La vidéo de démontage fait partie de l'exposition
**Rétrospective de 400 photographies
Photographie au collodion humide, 2018
J'ai toujours pensé que Gabriel Ramón et sa femme Michèle Froye Ils ont été très courageux, abandonnant ce qui était probablement une vie paisible de fonctionnaires en France au début des années 80 pour venir vivre à Majorque, d'où était originaire le père de Gabriel, et installer leur studio de photographie dans la rue Sant Jaume à Palma. Sans aucun doute, les débuts n'ont pas été faciles, mais au fil des années, Gabriel a acquis une réputation bien méritée de portraitiste, et même s'il a dit un jour qu'il se considérait comme un photographe de quartier, pendant plus de 30 ans, des gens sont passés par son atelier. aussi disparate que Rossi de Palmier et le groupe Peor Imposible, des plasticiens comme Maria Carbonero, Bernadí Roig, Guillem Nadal, Thérèse Matas, Rafa Forteza ou Joan Sastre, des acteurs comme Simon Andreu ; des couples avec leurs enfants, des étrangers illustres comme Diane de France ou des touristes anonymes qui, se promenant dans Palma, étaient enchantés par les photos en noir et blanc exposées sur un petit comptoir au niveau de la rue.
Garçons
Comment j’écrirais ? Jacques Terrasa dans le prologue de la rétrospective que le Casal Solléric proposé sur le travail du photographe en 2010 :
« Une partie non anecdotique de la clientèle de son atelier est issue de cette communauté étrangère, résidents ou simples voyageurs, souvent liés au monde de l'art, ou simplement détenteurs d'une culture visuelle qui les emmène, naturellement, comme une rivière qui coule, vers San Jaume. rue"(…)
«C'était en décembre 1983 lorsque j'ai rencontré Gabriel Ramon. Je me promenais dans le vieux quartier de Palma ; Une vitrine avec quelques photographies en noir et blanc a attiré mon attention ; Je me trouvais devant des visages magnifiquement illuminés, surpris par ces images qui rappelaient ce que l'on pouvait voir à cette époque aux Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, plus que dans n'importe quel magasin de photographie de Majorque. (…) ce n'était pas une de ces galeries spécialisées dans la photographie (…) mais plutôt l'atelier d'un simple artisan qui offrait depuis un peu plus d'un an son service de portraitiste à un public encore plus familier avec les photographies couleur de première communion ou de des mariées qui ont transmis leur bonheur éphémère en grand format. La domination des gris et l’austérité des visages allaient surprendre une population habituée à d’autres modèles esthétiques. (1)
Pendant plus de trente ans, Gabriel a réalisé ses portraits en noir et blanc avec un procédé argentique, de la prise à l'impression, en se développant dans une chambre noire, même s'il a fini par utiliser la photographie numérique pour des catalogues d'art et d'architecture.
En 2011, le collodion humide a été introduit dans la technique : «avec un temps de pose d'une dizaine de secondes, des conditions de préparation du support et de développement qui confinent à la prouesse, une émulsion très fine et fragile, soumise aux imperfections de la matière ; Le collodion humide est une technique extrême, à l’opposé de la facilité de l’imagerie numérique »(2)
Ses collections de photographies au collodion humide ont été exposées dans Perpignan « Portraits » (2013), Centre d'études catalanes de la Sorbonne, Paris. « La cicatrice photographique » (2015), « La cicatrice photographique » Can Monroig (2016), à la galerie Palma I Palma « La llum no es la fosc al inreves » (2016) et depuis le 4 mai son œuvre la plus récente sous le titre de « El sex de l’ange » dans Can Monroig (2018).
Note à Gabriel
Peut-être que l'artiste est resté accroupi des années parmi les portraits attendant qu'on lui fasse de la place, mais il était là, n'en doutez pas, brisant les règles du jeu, imposant le noir et blanc à contre-courant, les poses décomplexées des modèles, cette image peu inspirante conventionnelle dans les familles ou montrant son admiration pour. Richard Avedon.
Lorsque l'ère numérique est arrivée, l'artiste a été blessé que la photographie qu'il avait tant aimé et pour laquelle il avait tant résisté soit devenue quelque chose de simple et que tout se soit avéré trop facile. Il ne voulait plus représenter la beauté établie, fausse et éphémère car il savait que la beauté était ailleurs, dans d'autres corps ou éventuellement en dehors d'eux. Enfin, dans son laboratoire d'alchimiste, capturant le regard fascinant de ses modèles, avec des résultats parfois ambigus, alors qu'il ne se rappelait pas si cette image appartenait à un homme ou à une femme, à un jeune ou à un vieil homme, l'ange apparut et ensemble à cela l'artiste.
Exposition : Le sexe de l'ange de Gabriel Ramon, photographie et vidéo.
Vernissage : vendredi 4 mai à 20h
Lieu : Can Monroig, Calle Can Valella nº 22, Inca, Majorque
Tél 609167768
Heures de visite:
Jusqu'au 1er juin inclus tous les jeudis de 10h30 à 14h ou sur rendez-vous.
Références :
.Gabriel Ramon.com
(1)(2)Histoires des choses, des visages et des temps, Le portrait photographique selon Gabriel Ramon. Jacques Terrasa
«La cicatrice photographique» Can Monroig 2016